Florence : l’inconnue du musée des Offices.

 

 

   Il est seize heures dans la cafétéria du musée des Offices et dehors une averse noie la terrasse. Deux clients résistent, réfugiés sous leur parapluie et finissent par se mettre à l’abri.

   ELLE est assise face à la baie vitrée, seule. Profil pur, cheveux noirs courts sur une nuque prolongée par le décolleté du dos et soulignée par une fine chaine en or. Elle est penchée sur un livre d’art. Son beau bras blanc repose sur la table. Des pattes effilées de cheveux très noirs suivent la ligne du menton d’un visage tout en courbes douces. Puis elle mange un sandwich avec des gestes délicats. Sa bouche est d’un beau rouge naturel. Tous ses gestes ont une grâce spontanée, qu’elle passe sa main dans sa courte chevelure, qu’elle tourne la page de son livre ou qu’elle appuie son visage dans la paume de sa main. Elle s’est arrêtée à la page de Botticelli, beauté du printemps face aux beautés du printemps, beauté face à Vénus nue. Elle enveloppe son cou dans une écharpe bleu et ocre. La bouche boudeuse elle relie les notes prises dans un cahier. Elle boit son verre d’eau avec la délicatesse d’une reine souveraine, ignorante du monde qui l’entoure. Les franges vieil or de son écharpe dégringolent sur la peau nue de ses épaules. Elle enfile son manteau couleur de rouille et serre le livre d’art sur son ventre. Elle réfléchit. A sa vie ? A celle du peintre ? A la nudité de Vénus ? Elle se lève pour partir. Malgré ses bottes sans talons, et sans grâce, elle est grande.

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